Pour cette rentrée, Bape nous annonce la future arrivée des Bapesta version Marvel. Une collab sur leur modèle le plus connu, très largement inspiré de la Air Force 1. Mais dans l’univers de la sneakers, ou les procès pour copie et contrefaçon sont très répandus, savez-vous pourquoi Nike n’a jamais rien dit devant cette copie assumée de son modèle le plus populaire ?

Nigo comme fondateur

Bape, ou « A bathing Ape », est une marque Japonaise, dont l’histoire débute 1993. Cette année là, Nigo, de son vrai nom Tomoaki Nagao, ouvre une boutique dans le fashion district de Tokyo. Baptisée NOWHERE, la boutique est tenue par Nigo, donc, mais aussi par Jun Takahashi, le fondateur du label Undercover. Mais si la boutique a rapidement connu le succès, c’est aussi grâce au soutien de Hiroshi Fujiwara, figure de la scène streetwear Japonaise, et pour qui Nigo travaillera régulièrement dans sa carrière. C’est d’ailleurs de là que vient son surnom, « Nigo » signifiant littéralement « Numéro 2« .

Très rapidement, la boutique NOWHERE sert alors à Nigo de flagship pour sa marque BAPE. Et pour ceux qui se demandent, le nom de la marque vient d’un proverbe Japonais « Un Singe qui se baigne dans de l’eau tiède« , une phrase qui s’applique aux jeunes Japonais dont les seules préoccupations sont leurs examens et leur dossiers d’entrées dans les prestigieuses écoles du pays. Pour le logo, Nigo a souvent évoqué son amour pour le film « La planète des Singes » comme inspiration.

Au départ, la marque reste très peu distribuée. Nigo produit une cinquantaine de T-shirts par semaine, une moitié destinée à la vente, l’autre étant offerte à des figures du streetwear Japonais, qui diffusent alors l’image de la marque en portant les vêtements, afin de créer de la demande autour. Cette volonté de limiter ses éditions vient aussi du fait que Nigo n’aime pas que les gens portent les mêmes vêtements, ce qui explique que, encore aujourd’hui, les quantités des produits de sa marque soient si limitées.

Rapidement, la popularité de la marque explose, et en 1998, elle est distribuée dans une quarantaine de boutiques au Japon. On imagine alors que le développement va continuer, mais pas du tout. Nigo prend alors une décision à contre-courant à l’époque : il décide de stopper la distribution de ses produits dans les boutiques, et de centraliser la distribution afin de mieux contrôler la diffusion de la marque.

Et pourtant, le succès ne va pas diminuer. La marque vendra alors autant de produits depuis une boutique qu’elle le faisait avec ses 40 distributeurs, preuve de l’attrait du public pour les produits BAPE.

L’extrême rareté des produits, liée à des cadeaux réalisés à des mastodontes du streetwear, comme Notorious B.I.G par exemple, rend la marque plus populaire et désirable que jamais.

A la fin des années 90, BAPE est alors à son apogée.

Au tout début des années 2000, la marque devient moins rare, plus facile à trouver, plus visible. Sa communication change, et le focus n’est plus uniquement sur les vêtements. Nigo collabore par exemple avec Pepsi en 2001, dans le but d’étendre sa potentielle clientèle. La marque n’est plus une marque de niche, et cherche alors à conquérir le monde, et surtout les Etats-Unis.

C’est à ce moment là que Nigo rencontre un homme qui va l’aider dans son projet : Pharrell Williams.

Icône de la scène musicale Américaine, et figure de la mode aussi, le leader des Neptunes va porter la marque très régulièrement, en devenant l’égérie principale. En 2005 et 2006, la demande est telle que BAPE ouvre deux boutiques : une à New-York, l’autre à Los Angeles.

La marque est alors devenue un véritable étendard du streetwear, tant par ses vêtements que par ses sneakers, le sujet qui nous intéresse aujourd’hui.

Nigo a créé la « BAPESTA », très fortement inspirée de la Air Force 1 de Nike, et le modèle va prendre une toute nouvelle ampleur en 2007, lorsque la marque collabore avec Kanye West sur le modèle.

La BAPESTA, pas une Air Force 1 !

Le modèle de la BAPESTA devient alors très visible, mais Nike l’avait déjà repéré. Pour autant, la firme de l’Oregon ne va débuter aucune action envers BAPE et Nigo, bien au contraire. Et si le créateur Japonais a échappé à des poursuites judiciaires, c’est pour plusieurs raisons.

L’une des premières, c’est qu’il n’a pas copié les technologies. Pas d’Air dans les BAPESTA (qui sont donc moins confortables que des Air Force), pas de suggestion qu’il pourrait y en avoir, rien. Là ou sur la Air Force, la semelle indique clairement le mot « AIR », la BAPESTA indique « BAPE ». Difficile donc de tromper le client, quand aucune mention de la technologie n’est faite nulle part.

Ensuite, on voit clairement que le logo est celui de BAPE, l’étoile, la fameuse « STA » qui donne son nom au produit. Pas de swoosh, pas de copie ratée ou de tentative de ressemblance, on est sur un vrai logo différent et facilement identifiable. Là encore, le client ne risque pas d’être trompé et croire qu’il achète du Nike. Aussi, Nigo a opté pour des coloris et des matières qui n’étaient pas encore présentes ou utilisées sur les Air Force, là aussi dans le but d’éviter toute possible confusion.

Et pour finir, une des raisons les plus simples, c’est que la paire fait la promotion de la Air Force, en lui rendant presque hommage. Un créateur Japonais tendance, talentueux, ami des stars, et la paire la plus connue de sa marque s’inspire fortement d’un modèle Nike ? La marque est totalement gagnante dans l’histoire, surtout que, même si Bape s’est développé, les modèles restent très rares et peu distribués en comparaison avec le géant qu’est Nike.

BAPE X MARVEL

Et donc, comme on vous le disait au début de l’article, BAPE va proposer des déclinaisons de sa BAPESTA aux couleurs des super-héros Marvel. On pourra donc retrouver sur les sneakers de Nigo plusieurs membres des Avengers, dont Hulk, Thor, Captain America, Black Widow et Rocket Raccoon !

Comme adidas l’avait fait avec Star Wars il y a quelques années, les paires n’arriveront pas dans des boîtes, mais sous blister, pour rappeler le packaging des figurines des super-héros Marvel.

Pour les plus jeunes, cette collaboration n’est pas la première entre les deux marques, puisqu’en 2005, déjà, la BAPESTA s’était parée des couleurs des héros de la Maison des idées, et les paires arrivaient là aussi, déjà, sous blister.