Sneakers, la fin d’un règne ?

Vous l’avez sans doute remarqué, le marché des sneakers traverse une période de stagnation notable en 2025.

Après des années de croissance effervescente, marquées par des collaborations très visibles et une culture de la rareté, l’industrie des sneakers semble aujourd’hui en perte de vitesse. Ce début d’année est très « mou », et même le contenu pour venir partager des infos avec vous tourne beaucoup en rond, les sites spécialisés ne parlant quasiment plus que des « prochaines sorties » du mois à venir, sans vision à moyen terme, là ou les années précédentes, on pouvait se projeter bien plus facilement.

Par exemple, le Air Max Day 2025 été l’un des moins remarqué et remarquable, là ou traditionnellement des sorties ou des animations généraient de vraies attentes chez les sneaker addicts.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce ralentissement : les incertitudes économiques mondiales, notamment autour de la guerre des tarifs lancée par Donald Trump, et qui affecte directement tous les plus grands acteurs du marché, la saturation du marché qui peine aussi à se renouveler (oui, super, une Air Max 95 big bubble, comme en 2020, comme en 2015, comme…), et une évolution des tendances de consommation (coucou les loafers) et une montée en puissance de marques émergentes.​


Un contexte économique mondial défavorable

L’impact des tarifs américains et de la récession

Les tensions commerciales et les incertitudes économiques, notamment aux États-Unis, ont un impact direct sur le marché mondial des sneakers.

Les magasins spécialisés américains ont notamment fait face à la chute de Nike et de son modèle. Pour écouler leurs stocks, les boutiques ont dû réduire les prix de 44 % en moyenne de leurs sneakers Nike en 2024, contre 24,6 % en 2022, selon une étude de Vertical Knowledge. Cette baisse significative des prix reflète une vraie demande en berne et une baisse d’attractivité de la marque qui était, et reste encore malgré cela, le grand leader du marché sportswear et lifestyle.

Par ailleurs, la production mondiale de chaussures a diminué de 1,5 milliard de paires en 2023, atteignant 22,4 milliards de paires, soit le plus bas niveau depuis une décennie, hors années pandémiques. Les États-Unis ont enregistré une baisse de 749 millions de paires vendues sur l’année, illustrant une contraction significative du marché.


Saturation du marché et désintérêt des consommateurs

Trop de sorties, moins d’exclusivité

L’industrie des sneakers a connu une surproduction de modèles ces dernières années, diluant l’effet d’exclusivité qui faisait autrefois le succès de certaines paires. Exemple très marquant d’un modèle surexploité : les Nike Dunk. Au départ, le modèle était très limité. Distribué uniquement dans des boutiques triées sur le volet. Puis Nike a voulu en faire sa vache à lait. Et sans surprise, le modèle a perdu toute son attractivité.

En 2023, Nike a lancé 116 nouvelles versions de la Dunk Low, contre seulement 31 en 2019. Cette multiplication des versions de la Dunk a conduit à une saturation du marché et à une baisse de l’engouement des consommateurs. Avoir une paire que tout le monde a déjà reste toujours moins attirant pour un public qui cherche à sortir du lot et à se démarquer avec des sneakers différentes et tendances.

Les Nike Dunk

Le marché de la revente, qui était en pleine explosion, est également en déclin. Entre affaires de contrefaçons, manipulation du marché de la revente par les marques, les différents scandales n’ont pas aidé le marché du resell.

Les paires qui se vendaient à des prix bien supérieurs à leur valeur initiale peinent désormais à trouver preneur, même à prix réduit. Les consommateurs, notamment les plus jeunes, privilégient désormais la qualité et la durabilité à l’effet de mode. ​


Émergence de nouvelles tendances hors sneakers

Le retour des chaussures classiques

Les tendances mode de 2025 marquent aussi un retour aux classiques, et certaines marques l’ont remarqué et s’y sont engouffré, c’est notamment le cas de New Balance, qui a su lire l’évolution des attentes de ses clients.

Les Loafers New Balance

Les loafers, ballerines et autres chaussures traditionnelles regagnent en popularité, reléguant parfois les sneakers au second plan, et venant grignoter des parts de marché d’une industrie qui a tardé à se réinventer, ne proposant « que » des rééditions ou des modèles existants légèrement retouchés. Les années 1990, c’est bien, mais toute marque qui se respecte devrait être capable de proposer autre chose que des modèles ressortis de ses catalogues de cette décennie, aussi importante soit elle pour la sneakers culture.

Les loafers, en ce début d’année, sont plébiscités pour leur élégance et leur confort, s’intégrant parfaitement dans des tenues modernes et sophistiquées (je dis ça pour être poli si des lecteurs aiment ça, je trouve ça assez moche, mais chacun ses goûts après tout).

En tout cas, cette évolution des tendances reflète une volonté des consommateurs de diversifier leur garde-robe et de s’éloigner parfois des codes streetwear omniprésents ces dernières années, et finalement très redondants.​


Les marques émergentes gagnent du terrain

Une redistribution des parts de marché

Alors que les géants comme adidas, mais surtout Nike, voient leur domination s’effriter, des marques moins connues, et souvent plus petites, mais plus à l’écoute de leur clientèle enregistrent des croissances notables. Brooks est devenu le leader des chaussures de running aux États-Unis, un vrai coup dur pour Nike et son histoire, tandis qu’ASICS et New Balance renforcent leur position sur le marché, et séduisent de plus en plus de pratiquants, mais aussi de porteurs de sneakers du quotidien.

Ces marques, souvent plus spécialisées et à l’écoute des besoins spécifiques des consommateurs, parviennent à capter une clientèle en quête de performance et de qualité, mais aussi de confort et de nouveauté. Seulement, il n’y a pas que les sneakers qui sont capables de proposer cela aujourd’hui.​


Quel futur pour nos sneakers ?

Le marché des sneakers en 2025 est confronté à une conjoncture difficile, marquée par des défis économiques, une saturation de l’offre et une évolution des préférences des consommateurs. Les marques doivent désormais repenser leur stratégie, en misant sur l’innovation, la qualité et une meilleure compréhension des attentes du public pour retrouver une dynamique positive.​ Mais si c’est bien de le dire, pour le moment, on voit peu de mouvement et de prise de décision forte. Plusieurs marques réorganisent leur direction, comme Nike et Puma, ce qui laisse évidemment présager du changement, mais au rythme des sneakers, cela voudrait dire que rien ne se passerait avant au mieux le début de l’année 2026. Et ça fait long.


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