La Foamposite, une sneakers pas comme les autres

S’il y a bien un modèle chez Nike qui est sans égal, tant en terme de design que de conception, c’est bien la Foamposite.

Ce modèle de 1997 à défrayé la chronique à sa sortie, et continue, plus de 25 ans plus tard, à cultiver ses différences.

Le design de la Nike Foamposite

Une basket issue d’un projet experimental

Si vous ne connaissez pas la Foamposite, dès le premier regard sur les photos du modèle, vous voyez ses différences. La basket est composée d’une « coque » qui entoure, protège et maintien le pied, et sur cette coque, pas de gros logo Nike, pas d’image, non, souvent une couleur unie ou des motifs, mais pas de jeu de matière ou de choses de ce genre. La Foamposite conserve toujours sa forme et sa matière spécifique, ce qui la rend unique, mais aussi très difficile à renouveler.

Au départ de la création de la Foamposite, donc une idée originale, assez simple, mais tout de même un peu folle. L’équipe d’ingénierie de Nike, menée par le designer Eric Avar, se pose une question : Que se passerait-il si on plongeait nos pieds dans un bain liquide rempli de matière qui viendrait complètement les envelopper ?

L’idée est donc de partir de ce concept pour créer une paire de sneakers dédiée à la pratique du basket, avec un modèle qui pourrait donc protéger les joueurs qui le porte, tout en accompagnant leurs exploits sur les parquets. Chez Nike, beaucoup restent sceptiques sur la possibilité d’une telle réalisation.

Le moule de la Foamposite

Quatre ans de conception avant la réalisation de la Foamposite

Les équipes de Éric Avar ne se sont pas juste contentées de répondre à leur question, puis de juste créer un produit qui correspondrait, la réflexion s’est poussée bien plus loin, emmenant Nike dans un projet qui durera près de 4 ans.

Pour accompagner leur travail, Jeff Johnson, directeur de l’innovation, les accompagnera et les poussera à aller toujours un peu plus loin. Il les aidera à definir les attentes autour du produit, ainsi que ses détails techniques. Quel système d’amorti, quelle semelle, quelle technologie y insérer ? Autant de questions qui ont rallongé le processus de création de la Nike Air Foamposite One, de son nom complet.

La Nike Air Foamposite One

Pour la basket en elle même, dont la forme s’inspire des scarabées, le choix de sa coquille se fait sur un moule dans lequel on verse du polyuréthanne afin d’obtenir la forme et la structure attendue pour la Foamposite. Le défi est alors de concevoir le moule, qui doit correspondre à la forme attendue, évidemment, mais aussi donner les détails extérieurs du modèle, puisque le résultat obtenu ne permettrait pas ensuite d’être retravaillé. Et Nike à des difficultés pour trouver le bon procédé. Il faut dire qu’à cette époque, aucune marque n’a jamais moulé l’upper d’une paire en une seule pièce. C’est finalement en échangeant avec les équipes de conception de la marque de voitures Daewoo que la solution sera trouvée, la firme sud-coréenne produira alors puis vendra à Nike le moule de la Foamposite pour la modique somme de 750,000$.

Au final, toutes ces étapes prendront quatre ans de travail aux équipes de Nike, avant qu’un prototype viable ne soit réalisé.

La Nike Air Foamposite One

Le coup de pouce de Penny Hardaway

A cette époque, Penny Hardaway est l’une des plus grandes stars de la NBA, et est sous contrat chez Nike. Alors qu’il rencontre les équipes produit de la marque au swoosh, on lui présente de nombreux modèles afin de trouver celui qui lui correspondra, et qui l’accompagnera sur les parquets de la NBA.

Éric Avar, qui participe à cette réunion, ne présente pas immédiatement la Foamposite. Au contraire, il pense que son produit ne plaira pas, et laisse donc la paire au fond d’un carton, préférant présenter d’autres prototypes et échantillons à Penny. Il faut aussi dire qu’au lancement du projet, celui qui devait porter les Foamposite n’était pas Penny Hardaway, mais plutôt Scottie Pippen.

Mais Penny, comme le veut la légende, aurait alors aperçu, en fin de réunion, la paire qui attendait sagement, seule, dans son carton.

Penny est immédiatement séduit, et veut que la Foamposite, ce modèle si unique, devienne sa nouvelle paire signature. Il ne reste plus à Nike qu’à finaliser son concept.

Penny Hardaway et ses Nike Foamposite blanches

Si un prototype existe, il reste alors un écueil majeur : quelle technologie d’amorti faut-il intégrer dans la semelle de cette sneaker sans égale ?

Éric Avar raconte que de nombreux tests ont été effectués, avec de l’air Max, c’est à dire avec une bulle d’air visible, avec des mousses diverses et variées, bref, Nike cherche la bonne solution.

C’est finalement la technologie Zoom Air qui sera retenue, avec un amorti deux fois plus épais au niveau du talon de la paire, afin d’aider Penny à mieux amortir ses sauts, lui qui avait un style de jeu très aérien.

La semelle de la Foamposite

Des débuts difficiles

Mais voilà, une fois la paire produite, un autre obstacle vient se dresser sur sa route : le code couleur de la NBA. Le premier modèle de la Foamposite est jugé non-recevable par la ligue de basket Americaine, qui estime qu’il n’y a pas assez de noir sur la paire pour qu’elle soit associée avec le maillot du Magic d’Orlando, ou évolue Hardaway.

Penny, qui ne veut pas abandonner le modèle, prend donc un feutre et…colorie sa paire, y ajoutant du noir.

La Foamposite Sharpie qui rend hommage à cette histoire

Mais si Penny est vraiment le joueur NBA qui a lancé la paire, ce n’est pas le premier joueur de basket à la porter en match officiel. Quelques jours avant, Mike Bibby, qui joue alors pour les Arizona Wildcats, dispute une rencontre universitaire, Foamposite aux pieds.

Plus tard, d’autres stars, comme Tim Duncan, porteront le modèle lors de rencontres de la NBA, mais aussi lors de All-Star Games.

Tim Duncan en Foamposite

Un échec commercial

Mais la paire, si elle plaît aux joueurs, ne trouve pas son public au delà des parquets NBA. Avec son prix, plus élevé que les Jordan, Nike et Reebok concurrentes à cette époque, et sa forme en décalage avec les modes de l’époque, la Foamposite est vite remise au placard, Nike détruisant même les moules originaux, pensant ne plus jamais reproduire le modèle.

La marque au swoosh reutilisera la technologie sur des modèles de LeBron, la suite des paires de Penny, et d’autres choses comme des sandales assez…surprenantes, mais ne comptera pas, dans un premier temps, rééditer les Foamposite.

Lorsque la folie rétro, et la mode sneakers s’empare du monde, Nike est alors obligée de rebâtir un moule pour reproduire des Foamposite, ce qui explique leur tarif si prohibitif.

Cette paire, unique en son genre, continue d’exister au travers de rééditions et de collaborations, comme par exemple avec Comme des Garçons, cultivant encore et toujours son aspect unique. Aujourd’hui encore, la Foamposite reste le modèle le plus reconnaissable de chez Nike, sans que l’on risque de le confondre avec quelque autre modèle que ce soit. Et plus de 25 ans après sa création, ça reste un exploit assez unique dans le monde de la sneakers.

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