Mais au fait…C’est qui Sonny Vaccaro ?

Lorsque vous allez voir le film AIR, sur le lancement de la Jordan 1 et de la la marque de sa majesté, une question va vous hanter : mais qui est Sonny Vaccaro, personnage central du film, et donc de l’histoire des Sneakers, campé par Matt Damon.

Sonny vaccaro et Michael Jordan
Sonny Vaccaro et MJ

Un vrai personnage de cinéma

Dans la sneakers culture, au final, il n’existe pas beaucoup de personnages plus importants que Sonny Vaccaro. Spécialiste du marketing sportif, il est à l’origine de la signature de Jordan chez Nike, mais il est aussi bien plus que ça.

Il grandit en Pennsylvanie, ou il excelle dans un sport : le Football américain. Pas de basket pour le petit Sonny. S’il pratique aussi un peu de Base-ball, Vaccaro est un vrai bon running back, et devient la star de son lycée. Alors qu’une carrière dans le sport semble se profiler pour lui lorsqu’il entre à l’université, il se blesse, ce qui met fin à tous ses espoirs dans le domaine.

Mais quand une porte se ferme, une autre s’ouvre pour le jeune Sonny. Le coach de l’équipe de basket de sa fac Dom Risselli, lui demande son aide. Il demande à Vaccaro de l’aider à recruter des joueurs de basket de Pittsburg pour faire monter le niveau de l’équipe. Et c’est comme cela que sa carrière s’est lancée.

En 1965, Vaccaro fonde le premier All-star Game réservé aux lycéens le Dapper Dan Rounball Classic. Un excellent moyen pour détecter au au plus tôt les plus grands talents.

Cet évènement va vite prendre de l’ampleur, et perdurera jusque 2007. Des futures stars comme Dominique Wilkins, Patrick Ewing ou Shaquille O’Neal y participeront, preuve de la portée de ce match.

Jusque en 1977, il continue en tant qu’enseignant dans sa ville natale, tout en se passionnant pour les sneakers et paires de basket, dont il imagine de nouveaux modèles et des améliorations.

Il va rencontrer le directeur marketing de Nike de l’époque, Rob Strasser, à Beaverton, dans l’Oregon, siège de la marque. Mais voilà, Rob Strasser n’a que faire des designs de Vaccaro. Ça ne l’intéresse pas du tout.

Vaccaro fait entrer Nike dans le monde du basket

A cette époque, Nike est presque exclusivement une marque de running. Tout ce que la marque produit, ce sont des modèles dédiés à la course à pieds. Et Strasser voit Vaccaro comme une porte d’entrée dans un monde qu’il estime beaucoup, celui du basketball.

Sonny Vaccaro se retrouve chez Nike avec une fonction qui correspond parfaitement à son aisance oratoire. Il a pour mission de parcourir les États-Unis pour faire signer aux coach des plus grandes universités des contrats avec Nike. Une idée qu’il a lui même soumis à la marque.

Pourquoi les coachs ? Laissez moi vous expliquer.

Aux États-Unis, il est interdit de signer un contrat avec un athlète universitaire. Vaccaro va contourner cette règle et équiper les meilleurs jeunes de produits Nike en faisant signer les coachs des équipes, et en leur fournissant suffisamment de paires de sneakers pour ainsi équiper toute l’équipe. Voilà, donc, ce que faisait Vaccaro à ses débuts chez Nike. Ses pratiques, à la limite de la légalité, ne faisaient pas que des heureux : des membres de Nike avaient même demandé, à l’époque, une enquête du FBI sur ces méthodes.

Mais les resultats de Vaccaro vont parler pour lui. Sa première année, il fait signer 10 coachs des plus grandes universités du pays : Duke, Maryland, Nevada, Georgia. Chaque coach recevait 2000$, ainsi que suffisamment de sneakers pour tous les joueurs de l’équipe.

Deux ans plus tard, ce sont 50 universités que Vaccaro à réussi à convaincre, réussissant notamment à faire porter des Nike à Larry Bird, alors joueur de l’université d’Indiana State, en couverture de Sports Illustrated, le plus grand magazine de sport de l’époque. Chez Nike, le débat est clos.

Larry bird en Nike Blazer en couverture de Sports Illustrated

Vaccaro parie son job sur Jordan

Si Sonny Vaccaro à un job chez Nike, il ne roule pourtant pas sur l’or. Sa femme gagne plus que lui à cette époque, et il a un penchant pour les jeux de hasard, notamment le poker, les courses hippiques, les paris sportifs et les dés.

Pour autant , en 1984, Nike veut accélérer dans le basket. La marque se met alors à la recherche d’athlètes « signature », des personnalités qui porteront l’image de la marque.

Chez Nike, trois noms ressortent. Charles Barkley. John Stockton. Hakeem Olajuwon.

Interrogé en bout de chaîne, Vaccaro à une vision complètement différente de celle des autres décisionnaires. Plutôt que de diviser les investissements marketing sur trois joueurs, il suggère de tout miser sur un seul athlète, un trait issu de ses activités extra professionnelles.

Sur une intuition, il suggère de signer Michael Jordan. Sûr de lui malgré le peu d’éléments concrets pour appuyer son choix, il dit alors à Phil Knight, fondateur de Nike, qu’il est prêt à parier son job sur la réussite de Jordan.

Knight lui fait confiance, et Vaccaro utilise son réseau pour atteindre Jordan, dont le cœur balance entre Converse et adidas. En passant par son ami, le coach George Raveling, Sonny Vaccaro explique à Jordan que Nike veut non seulement le signer, mais aussi créer une sneakers qui portera son nom. D’après certaines sources, les premiers contacts entre Vaccaro et Jordan auraient même eu lieu avant que Sonny n’obtienne officiellement l’accord de Nike.

L’importance de la famille Jordan

Ce que Vaccaro comprend vite, c’est que pour avoir Michael, il faudra convaincre le reste de la famille Jordan, et notamment sa mère, Deloris. D’autant que MJ ne connaît alors même pas l’existence de Nike.

Sonny Vaccaro se démène, et réussit à organiser un rendez-vous entre Jordan et Nike dans les bureaux de la marque.

La veille du rendez-vous, MJ veut annuler, se sentant fatigué. Vaccaro convainc alors la mère de Jordan de le pousser à venir. C’est, selon la légende, elle qui le pousse dans l’avion pour l’Oregon.

Michael et Deloris Jordan
Michael et Deloris Jordan

Et Sonny à tout préparé pour que Jordan signe. Il sait que MJ est un incroyable fan de voitures. En plus de l’énorme contrat, 2,5 millions de dollars, auxquels s’ajoutent 25% de royalties par paire vendue, Sonny a un atout dans sa poche. Lors du rendez-vous, il fait rouler sur la table deux petites voitures. Il les fait aller jusque Jordan en lui disant qu’avec ce contrat, il pourrait immédiatement se les payer en taille réelle.

La suite, vous la connaissez, la Jordan 1 avait des objectifs à 3 millions de dollars sur les trois ans de contrat de Jordan, et au final les ventes dépasseront les 126 millions dès la première année.

Alors, selon les versions, l’importance de Vaccaro dans la signature de Jordan varie. Mais il a joué un rôle, ne serait-ce qu’en proposant son nom. Pour le reste, chacun a sa vérité.

La fin du rêve

Après la signature de Jordan, Vaccaro continue sa mission chez Nike. Mais peu après que celui-ci remporte son premier titre NBA avec les Bulls, les choses changent.

Selon les sources, Phil Knight veut changer l’image de la marque, et l’aura sulfureuse de Vaccaro ne lui plaît plus. En 1991, Knight licencie Sonny Vaccaro, malgré tout ce qu’il a pu apporter.

Vaccaro à contribué à transformer Nike, petite marque de running Americaine, en un mastodonte international dont la plus grande source de revenu est les basketball.

Les résultats de Nike en running et en basketball
L’impact de Jordan et de Vaccaro sur le business de Nike

Vaccaro et l’héritier de Jordan

Sans travail, Vaccaro ne reste pas très longtemps au chômage. Sautant sur l’occasion, c’est adidas qui lui fait signer un contrat.

Sa mission reste la même, et il utilise ses camps d’entraînement pour repérer des talents. Un jeune lycéen le marque, et alors que personne ne veut le signer, il va convaincre adidas de le faire. Le nom de ce jeune basketteur ? Kobe Bryant.

Comme pour Jordan deux décennies auparavant, il convainc adidas de miser tout ce qu’ils ont sur Kobe, et comme pour Jordan, le pari sera gagnant.

Mais l’héritage de Vaccaro ne va pas s’arrêter là.

Kobe Bryant adidas

Vaccaro à l’origine d’un séisme dans le basket

Comme je vous le disais au départ, les jeunes athlètes américains ne pouvaient pas signer de contrat avec les equipementiers, ce qui leur portait bien évidemment un énorme préjudice.

Et ce préjudice pesait beaucoup sur Sonny Vaccaro. En 2007, il quitte alors son poste chez Reebok, qu’il avait rejoint après ses aventures chez adidas.

Il débute alors une seconde carrière, celle de justicier. Il sillone le pays, et donne des conférences dans toutes les plus grandes universités. Duke. Harvard. Yale. Et dans ses conférences, Vaccaro dénonce la NCAA, la ligue universitaire américaine de sport, qu’il accuse, à juste titre, de gagner des millions en utilisant des jeunes athlètes, qui, eux, ne reçoivent pas un centime des revenus qu’ils génèrent.

Il ira plus loin que ses conférences, alliant le geste à la parole, mettant ainsi en relation une ancienne star de UCLA, Ed O’Bannon, avec des avocats spécialisés dans les affaires d’antitrust.

Et c’est ce procès, qui, en 2014, obligera la NCAA à partager ses revenus avec les athlètes qui font partie de la ligue.

Les implications de cette décision de justice se font encore sentir aujourd’hui, avec des règlements qui ont été forcés à évoluer jusqu’en 2021, ou de nouvelles règles ont été établies, favorisant les athlètes. Et bien plus que Jordan ou Kobe, si il y a une chose à laquelle Vaccaro souhaite que l’on associé son nom, c’est bien celle-là.

Des films et des documentaires sur sa vie

Alors, oui, Sonny Vaccaro a eu une vie digne des grands films américains. Ce n’est donc pas pour rien que Matt Damon et Ben Affleck en ont fait le personnage principal du film AIR.

Mais il y a quelques années, déjà, ESPN avait consacré un documentaire complet à la vie de Vaccaro, preuve de l’importance de cet homme dans le paysage sportif américain, et dans la sneakers culture mondiale.

Sonny Vaccaro et LeBron James
Sonny Vaccaro avec LeBron James

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