Certaines paires de sneakers sont plus que des baskets, ce sont des morceaux d’histoire, leur parcours évoluant avec leur environnement et la société qui les entoure. L’un des modèles de sneakers à qui cela s’applique le mieux, ce sont les Puma Suede.
Au départ destinées à l’athlétisme au sens large, elles ont marqué l’histoire Olympique avant de partir à la conquête des rues, ou elles ont participé à l’hégémonie culturelle de New-York.
Aujourd’hui, dans sneakers culture, partons à la découverte de leur histoire.

La Puma Suede à la conquête des pistes
Tout commence en 1968. A cette époque, deux frères Allemands dominent largement le monde de l’équipement sportif, ce sont les frères Dassler. Anciens associés, Adi et Rudi ont fini par se séparer et se brouiller, chacun fondant sa propre marque après avoir longtemps été associés dans l’entreprise familiale.
Adi Dassler fonde Adidas, tandis que Rudi, lui, crée Puma. Les deux marques, basées dans la même ville Allemande de Herzogenaurach, s’opposent dans tous les domaines. Et cette année de 1968 est capitale pour les deux marques. En effet, cet été là se déroulent les Jeux Olympiques de Mexico, compétition suprême et scène incroyable pour prouver la suprématie d’une marque sur l’autre.
Et si adidas arrive avec une innovation, la Gazelle, Puma n’est pas en reste avec la première version de la Puma Suède, alors appelée « Puma Crack », qui est la paire donnée à tous les athlètes de la compétition pour leur déplacements en dehors des épreuves. Et bien au delà des performances sportives, ce sont bien les Puma Suede qui vont marquer l’histoire.

Après avoir battu le record du 200 mètres, avec des pointes Puma aux pieds, l’athlète Américain Tommy Smith se dirige vers le podium afin de recevoir sa médaille. Il porte alors des chaussettes noires, et ses Puma Suede à bouts de bras.
Une fois sur le podium, Tommy Smith, comme son compatriote John Carlos, lèvent alors le poing, un poing ganté de noir, afin de dénoncer les discriminations raciales dont étaient victimes les Afro-Américains aux Etats-Unis d’Amérique. C’est un vrai morceau d’histoire qui s’écrit à ce moment, et les Puma Suede sont présentes, posées sur le podium aux cotés des athlètes dans cet instant symbolique.

Le geste passera en boucle sur toutes les télévisions du monde à l’époque. La révolution était télévisée, et les Puma Suede en faisaient partie.
Le modèle de Puma devient alors plus que des baskets, c’est une affirmation culturelle, la paire symbolique d’un mouvement de protestation dans le pays le plus influent culturellement au Monde.
Le combat avec adidas a tourné court. Puma s’installe alors très clairement comme la marque à porter au quotidien, dans un monde en pleine évolution, ou les baskets commencent à ne plus se cantonner aux stades et aux gymnases.

Les Puma SUEDE, des pistes à la rue
Les Puma Suede deviennent alors les sneakers privilégiée, notamment à New-York, capitale de la mode urbaine.
En 1972, Puma marque encore un grand coup, toujours dans la Big Apple, en signant l’un des joueurs de la NBA les plus en vue à l’époque, Walt « Clyde » Frazier. Mais plus qu’un simple athlète, Walt Frazier est aussi une icône de la mode à l’époque, un ambassadeur du style, toujours remarqué par ses tenues en fourrure, ses costumes taillés sur mesure, ou ses chapeaux tous plus incroyables les uns que les autres.
Walt Frazier est la représentation parfaite de l’esprit New-Yorkais des années 70, et c’est avec des Puma aux pieds qu’il va l’incarner.

Symbole de l’époque, Walt Frazier aura ensuite sa propre version des Puma Suede, qui se nommeront les Puma Clyde, et il sera le premier basketteur de l’histoire à obtenir son modèle signature, bien avant les Jordan, Giannis ou Lebron. La paire sera nommée Puma Suède à la fin des années 70, Puma n’ayant pas les droits internationaux pour donner le nom « Clyde » à leur modèle.
Là encore, les Puma Suede ont marqué l’histoire, en innovant, marquant ainsi un vrai tournant dans l’industrie des sneakers et celui du sponsoring sportif. Là ou les équipementiers se limitaient jusqu’alors aux terrains de sport, Puma s’en détache, et suit ses athlètes dans leur quotidien, les rapprochant de la vie du client lambda de la marque.
Les Puma Suede, filles de New-York
Dans les années 70, toujours, les Puma Suede vont conquérir un univers inattendu, grâce à leurs caractéristiques spécifiques.
Les Puma Suede, conçues avec une semelle en gomme épaisse, à la fois souple et solide, et leur empeigne en Suede, comme leur nom l’indique, laissent aux pieds une amplitude de mouvement inédite à l’époque. Et cette amplitude fait alors des Puma Suede la paire parfaite pour accompagner le développement d’un mouvement : le Hip-Hop.
Après la naissance du breakdance, la paire s’affiche aux pieds des plus grands groupes de danseurs de l’époque. Les NYC Breakers, et le Rock Steady Crew notamment étaient en Puma de la tête aux pieds.

A nouveau, les Puma Suede sont au centre d’une révolution culturelle, peut être plus diffuse qu’en 1968, mais tout aussi importante. Rapidement, la paire devient aussi essentielle dans l’équipement des B-Boy, et représente l’esprit New-Yorkais pendant de nombreuses années. Symbole de New-York, la paire devient alors internationale. Mais son association à la capitale culturelle Américaine est telle, que la paire, lorsqu’elle est introduite au Royaume-Uni, est nommée « Puma States« , en hommage aux Etats-Unis, berceau de leur développement.

Le Skate : Une nouvelle vie pour les Puma Suede
Après avoir vécu deux apogées, deux moments de gloire incroyable, les Puma Suede vont être l’une des rares paire de sneakers à connaitre une troisième jeunesse. Cette fois-ci, la cure de jouvence viendra grâce au milieu du skateboard.
A la fin des années 90, alors que la paire a peu a peu perdu de son attractivité, le milieu du skate trouve là la sneaker qui possède toutes les caractéristiques qu’ils recherchent. Une semelle épaisse et résistante, une empeigne qui laisse du mouvement au pied, et un matériau qui résiste à l’abrasion. Les Puma Suede répondent à tous ces besoins, et leur diffusion reprend alors, dans un autre environnement, à nouveau inattendu, pour cette paire prévue à l’origine pour accompagner les athlètes olympiques.

Le tout Sneakers et la fin d’un rêve
Malheureusement, les Puma Suede tardent à trouver un nouveau rebond. Aujourd’hui, l’abondance de matériaux synthétiques et l’ultra-présence du cuir rend leur texture quelque peu désuète. La paire se décolore vite, se déforme rapidement, et perd de sa superbe trop rapidement pour les collectionneurs comme pour les utilisateurs occasionnels.
La marque Puma a perdu de sa superbe, mais son modèle phare aussi. Tout le monde du Hip-Hop ne jure plus que par Nike et ses Air Force 1. Les athlètes préfèrent des modèles bien plus légers et plus techniques, même en dehors de leurs heures de pratique. Et malgré une campagne forte en 2018 pour célébrer les 50 ans du modèle, les Puma Suède ne reviennent toujours pas au premier plan.
Si c’est triste à dire, et si avec la mode, rien n’est jamais éternel, nous pourrions bien assister au chant du cygne d’une des paires les plus importantes dans l’histoire de la sneakers culture.
Vous pouvez retrouver l’histoire des Puma Suede sur notre Podcast :
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