« Mais qu’est-ce que c’est que ça ? »
« Elles sont horribles »
« Comment on peut porter ça »
Voici quelques unes des réactions que généraient les Fila Disruptor avant de devenir, le temps d’une année, le modèle le plus vendu en France.

Toutes droit sorties des années 90 !
Les Fila Disruptor n’ont pas une histoire centenaire, ou romancée, comme les Converse, les Stan Smith ou les Air Max, mais elles aussi sont très significatives de l’évolution des baskets et de la sneakers culture.
Lorsqu’elles sortent pour la première fois, nous sommes alors en 1996. La mode est au gros, à l’imposant, au statutaire. C’est le début de la période des baskets plate-forme, l’ère des Buffalo et des bombers Schott, le style vestimentaire excentrique et ostensible.

Dans les années 90, Fila est surtout réputée pour ses survêtements, et ses baskets dédiées au sport du même nom, notamment les Grant Hill. Mais malgré les efforts de la marque Italienne, elle ne deviendra jamais un mastodonte comme Nike ou adidas. Et logiquement, la Disruptor ne reste pas dans l’histoire, étant principalement distribuée dans des distributeurs de « seconde zone », loin des Foot Locker ou magasins en vogue de l’époque.

En 2016, le retour de Fila
En 2007, Fila, qui vivote en ecoulant des produits à bas prix, est revendue à un investisseur Coréen. Sans pour autant que le destin de la marque ne change.
Ce qui va permettre à la marque de vivre quelques années de folie est daté, documenté, et clairement expliqué. Le 16 Juin 2016, le styliste Russe Gosha Rubchinskiy réalisé trois collaborations avec 3 marques Italiennes : Kappa, Sergio Tacchini, et donc Fila.
Ensuite, des collaborations avec Fendi vont finir de remettre la marque sur le devant de la scène, bien aidés par une Nicki Minaj portant très visiblement les vetements issus de la rencontre Fendi X Fila en 2018.

Et les effets ne se font pas attendre. Alors que la marque regagne de la force, et que le marché des sneakers oscille entre les Dad Shoes et les sneakers Chunky (à grosses semelles), la Disruptor 2 va réaliser l’incroyable.
Très largement inspirée de la première Fila Disruptor, cette nouvelle version est modernisée avec des ajouts de cuir suédé, et des versions pastels ou métalliques qui correspondent parfaitement aux tendances du moment. La paire s’arrache en Europe, au Royaume-Uni, et aux Etats-Unis. Le succès est tel, qu’en 2018, la Disruptor 2 est nommée « Sneakers de l’année »
La paire se vend plus que les Stan Smith, Superstar et même Air Force 1. Tous les restocks finissent par s’écouler, et la folie semble ne pas vouloir s’arrêter. Mais voilà, après un an, les Disruptor passent de mode. Fila ne réussit pas à retrouver d’autres modèles pour conserver l’élan donné, et la marque retombe dans les bacs des produits petits prix, peu prisés, malgré les efforts consentis.
Aujourd’hui, les Disruptor continuent d’exister, à bien plus petite échelle, une troisième version de la paire ayant même été développée. Mais Fila n’est pas entrée dans le cercle très fermé des sneakers hype, ce n’est pas l’objectif de la marque, ni sa volonté. Fila préfère se positionner sur des baskets accessibles, pour tout le monde, et même au plus haut de la folie de la Disruptor, la marque n’a pas cherché à limiter les quantités produites, Fila souhaitant faire plaisir au plus grand nombre plutôt que de rendre leur produit rare et inaccessible.
C’est cette philosophie inverse de celle des marques les plus hypes qui vaut à Fila son image « cheap », mais c’est aussi cela qui a permis l’incroyable ascension de la Disruptor.

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