A jamais la première : l’Histoire de la AIR MAX 1

Créée un peu par hasard, au départ pour la course à pieds, avant de devenir une icône des sneakers, la Air Max 1 a une histoire incroyable. Je vais vous la raconter aujourd’hui.

La Nike Air Max 1 et sa bulle d'air

La technologie de l’AIR

Au tout départ, il faut remonter à l’invention de la technologie « Air ». Ce procédé, qui s’inspire des combinaisons des astronautes, a été mis au point par un ingénieur passé par la NASA, Frank Rudy. Cet homme, un peu iconoclaste, va tout d’abord présenter sa technologie à la marque leader dans les sneakers en Amérique du Nord à l’époque : Adidas.

Il recevra rapidement une fin de non recevoir, la marque aux trois bandes préférant se consacrer à ses projets en cours, notamment la technologie torsion. Frank Rudy présentera alors son projet à Nike, qui refusera dans un premier temps l’idée, avant que Phil Knight n’apprenne qu’Adidas l’avait refusé. Par fierté, plus que par conviction, il va engager Nike dans ce qui restera la technologie la plus emblématique de l’histoire des Sneakers.

Frank Rudy et ses bulles d'air max
Frank Rudy et sa création

C’est quoi, l’Air ?

Comme on peut le voir sur la photo de Frank Rudy juste au dessus, la technologie Air peut paraitre assez simple. C’est en fait des coussins remplis de gaz, suffisamment résistants pour amortir la foulée des gens qui portent les sneakers. Tous les modèles Nike dont le nom comporte « Air » possèdent ces petits coussins dans leurs semelles. C’est notamment pour cela que la Air Force 1 devient la « Force 1 » en version enfant, puisque Nike ne produit pas de coussins d’air suffisamment petits pour équiper ses modèles pour enfants.

A la sortie de la technologie, c’est une révolution, qui va définitivement installer Nike parmi les références des équipementiers sneakers. Mais avec le temps, et surtout la difficulté d’expliquer la technologie aux clients potentiels, l’Air perd de son attrait.

Là ou la torsion d’adidas se voit sur la chaussure, l’Air, lui, est invisible. Impossible à toucher. Et donc de moins en moins convaincant avec le temps.

des adidas ZX Torsion des années 1980
Des adidas ZX Torsion avec leur semelle extérieure « découpée »

C’est en 1987 que la révolution va donc arriver, née de l’imagination d’un designer de génie : Tinker Hatfield.

Embauché pour designer le siège de Nike

Tinker Hatfield rejoint Nike en 1981. Son rôle ? Designer les locaux qui serviront de siège à l’entreprise. Il faut dire que c’est sa formation, lui qui est diplômé en architecture. Mais en 1985, il rejoint un projet sans réelle approbation des services marketing ou son génie va aider Nike à se relever alors que la marque est en difficulté.

Tinker Hatfield en plein travail

Et c’est lors d’un voyage à Paris que l’idée qui révolutionnera les sneakers lui vient. Il se promène dans les rues de la capitale Française quand il arrive devant le Centre Pompidou. Pour ceux qui ne connaissent pas, le Centre Pompidou a une architecture très particulière, laissant apparaitre l’intérieur du bâtiment depuis l’extérieur, plaçant ainsi tous les éléments aux yeux de tous les passants. La pensée de Tinker Hatfield est alors très simple : Elargir la bulle d’air des sneakers Nike, la rendre plus stable sous pression, et retirer la partie de la semelle qui la cache à notre regard.

Centre Pompidou, inspiration de la Air Max 1
Le Centre Pompidou

Et comme pour la Air Trainer quelques années plus tard, les grands décideurs de Nike ne croient pas en son projet. Chez Nike, au contraire, l’idée était de rendre l’air plus petit, moins important. Il y avait une grande crainte, celle que la vision d’une bulle transparente la fasse paraitre fragile et facile à abimer.

Et c’est grâce au support de David Forland, le directeur de l’amorti à l’époque chez Nike (oui, c’est bien son métier, « Director of Cushioning » en version originale), que Tinker Hatfield va permettre à son idée de voir réellement le jour.

premier croquis de air max par tinker hatfield

Après quelques prototypes, quelques essais, et quelques modèles oubliés (je reviendrai plus tard sur la Air Max Zéro), le 26 Mars 1987, la révolution se met en marche. Le premier modèle de Air Max est disponible à la vente, dans un Air Pack, qui contenait la Air Trainer 1, la Air Sock, la Air Revolution et la Air Safari. Première également dans l’histoire de Nike, une publicité télé est proposée, pour pousser ces nouveaux produits.

Un véritable carton !

Après la sortie de ce Air Pack, Nike va alors réaliser les meilleurs chiffres de son histoire. Poussée par une campagne marketing intense, avec la pub télé, et des publipostages dans des magazines comme Sports Illustrated, la Air Max 1 s’impose rapidement, et permet d’installer Nike comme une marque de référence.

La paire, pourtant pas forcément dans les plans de Nike à la base, va imposer une nouvelle direction au groupe, et rendre l’air visible indispensable aux plans de croissance de la firme de l’Oregon.

La publicité "papier" pour la Air Max 1

Semelle blanche, ligne et swoosh rouges, avant pied en vinyl, et talon en nubuck gris. L’association de couleurs, elle aussi inspirée du Centre Pompidou, a depuis été reprise pour de nombreux modèles, mais elle restera à jamais associée à la Air Max 1.

Si depuis la sortie, le modèle a été grandement retravaillé, avec une semelle bien plus résistante, une bulle d’Air rétrécie, et des ajustements graphiques notamment au niveau du talon (qui, à l’origine, n’avait pas de texte dessus), la Air Max 1 reste une paire mythique, un indispensable pour tous les collectionneurs de sneakers.

La paire parfaite pour les collabs !

Forcément, ce modèle, adoré, tellement important pour Nike que c’est la date de son lancement qui sert maintenant de date pour le Air Max Day, est aussi l’une des paires les plus utilisées pour des versions très limitées ou des collaborations incroyables.

On a notamment eu le droit à des folies, comme celle de Sean Wotherspoon, des adaptations du coloris Safari de la Air Safari du pack original, notamment via ATMOS, des versions Travis Scott assez incroyables, les Tokyo Maze ou les Villes Lumières du Air Max Day, ou la Bespoke de la jeune et talentueuse CAM XV.

Mais était-ce vraiment la première ?

Comme souvent, les besoins du marketing viennent parfois retoucher le storytelling. Il y a quelques années, en 2015, Nike propose pour son Air Max Day, un nouveau modèle, la Air Max Zéro. Supposément inspirée des premiers sketchs de Tinker Hatfield, elle est la sneakers qui aurait du naître avant la Air Max 1, le design original, celui que le créateur avait d’abord imaginé.

Un style plus dynamique, des couleurs bien différentes, mais pas du tout le même aura que la Air Max 1. La paire sera vite remisée dans les cartons, disparaissant rapidement de l’offre de Nike, là ou, année après année, la Air Max 1 reste toujours l’un des modèles les plus demandés des connaisseurs de sneakers.

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