The Wire : 20 ans après

Il y a 20 ans, sur HBO, était diffusée une série qui allait devenir un phénomène de société. Pour autant, à sa sortie, la série est passée presque inaperçue, tant auprès du public qu’auprès des spécialistes. Et pourtant, 20 ans après, elle reste une référence pour beaucoup.

Les rues de Baltimore

Cette série de David Simon, ancien journaliste du Baltimore Sun, qui avait déjà écrit un livre après avoir travaillé avec la police de Baltimore, et réalisé une mini-série sur des sujets similaires (« The Corner », disponible sur OCS notamment), se passe donc dans une ville secondaire des Etats-Unis, mais que le scénariste connait par cœur.

Et plutôt que de choisir un format avec des enquêtes résolues épisode après épisode, The Wire est une série policière, mais qui s’arrête sur ses protagonistes et leur évolution bien plus que sur les enquêtes et leurs résolutions.

Au départ de la série, McNulty, un flic infidèle, insubordonné, avec un gros penchant pour l’alcool, qui ne supporte plus que des membres du gang de Avon Barksdale réussissent à échapper aux condamnations qu’ils auraient du subir. Puis en suivant et déroulant ce fil, on découvre des personnages, tous imparfaits, tous victimes d’un système qu’ils cherchent parfois à combattre.

Très engagée politiquement, cette série décrit toutes les composantes de la société liées au problème de la drogue et de la criminalité à Baltimore : la police, les gangs, le secteur économique en déliquescence, l’école, les journalistes, et le monde politique.

Il n’y a pas un secteur de la société qui échappe à la critique. Entre un monde policier gangréné par les ambitions personnelles, le manque de vision des dirigeants, la violence de ses membres, et un fossé qui chaque jour se creuse entre la population et les forces de l’ordre, les politiques, qui à force de compromis, de trahisons, de mensonges, ne sont plus au final que des clones, ou les journaux, pour qui les ventes passent avant l’information, personne ne sort indemne de ces 5 saison de critiques acerbes, mais tellement réelles sur ce qu’était l’Amérique il y a 20 ans.

Un casting varié

Et là ou ce n’était pas du tout la norme à l’époque, The Wire avait déjà un casting très diversifié.

Les futures stars étaient nombreuses au casting, comme Michael B. Jordan, revu bien plus tard dans les Rockys ou dans Black Panther, Jamie Hector, inoubliable Marlo, qui est aussi dans Bosch, Wu-Tang : An American Saga ou encore We Own This City, ou évidemment Idris Elba, lui, l’Anglais, qui a réussi à travailler sa diction pour passer pour un ponte du trafic de drogue de Baltimore.

On découvrira aussi au fil des saisons des personnages secondaires, campés par Method Man, Snoop Pearson, Chris Bauer, ou Paul Ben-Victor.

Chaque saison de The Wire se penche sur une thématique particulière, et la quatrième, consacrée au destin déjà compromis des futurs écoliers de la ville, restera comme un point marquant : malgré les efforts des protagonistes, on sent bien que le système est entré dans une boucle sans fin, dont on ne peut sortir sans se défaire du système tout entier.

(AP Photo/HBO, Paul Schiraldi)

20 ans après, une consécration

Si aujourd’hui, les cinéphiles placeront très souvent The Wire dans leur top 3 des séries, ce n’était pas du tout le cas lors de sa sortie. La série réalisait des audiences très médiocres, et était complètement oubliée par les diverses récompenses du secteur. Pourtant, 20 ans après, c’est une référence, une singularité, une exception. Il n’existe pas d’autre série comme The Wire, que ce soit dans son format, dans la manière d’aborder les thèmes, ou dans la construction de ses personnages, tous ambivalents, tous avec leur part sombre, et leurs bons côtés, qu’ils soient du côté de la loi ou de celui des dealers.

Si vous avez vu la série, vous vous souvenez forcément de cette scène mémorable ou Bunk et McNulty, détectives à la brigade criminelle, résolvent le meurtre d’une jeune femme…en n’utilisant qu’un seul mot.

Omar For Ever !

L’un des personnages les plus marquants de cette série aura été Omar Little. Robin des bois du ghetto, il vole les dealers, mais n’aide pas forcément les plus démunis lui, contrairement à la légende de Sherwood.

Campé par le regretté Michael K. Williams, ce personnage ultra-violent, armé d’un énorme fusil à pompe, est le seul personnage de la série à ne pas répondre à qui que ce soit d’autre que lui-même.

Par son charisme, son code moral et ses plans préparés, il a marqué une époque, étant cité jusqu’à aujourd’hui dans de nombreux morceaux de rap, en France comme aux Etats-Unis.

Une réplique : We Own This City

20 ans après The Wire, donc, David Simon vient de ressortir une autre mini-série, We Own This City, cette fois-ci centrée sur la police dans un Baltimore paralysé suite à l’affaire Freddy Gray. Cette fois encore basée sur des faits réels (certains personnages de The Wire étant basés sur des figures plus ou moins connues de la ville du Maryland). On y retrouve le même ton acerbe, critique, montrant que 20 ans après, rien n’a changé. On retrouve quelques acteurs de The Wire (Jamie Hector, Tray Chaney, Jermaine Crawford, Nathan Corbett ou Delaney Williams notamment) autour de Jon Bernthal, pour retracer l’histoire d’une brigade de la police de Baltimore, devenue au fil du temps une vraie organisation criminelle.

Une collab anniversaire avec Kith

Pour célébrer ce 20ème anniversaire, une petite série de vêtements a été conçue par Kith.

Si on peut débattre des heures de la « créativité » du projet, on peut tout de même noter, que, 20 ans après, la série continue de fasciner, et de faire parler d’elle. Une réussite exceptionnelle pour un show presque invisible lors de sa sortie, sur une ville Américaine que personne ne connaissait, et qui est devenue depuis une référence dans la pop-culture mondiale, même si ce n’est pas forcément que pour de bonnes raisons.


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