L’histoire des Nike Air Trainer

Retrouvez dans le podcast Sneakers Culture l’histoire des Nike Air Trainer.

Si la Nike Air Trainer fait son retour cette année, ce n’est surement pas parce qu’elle a été un succès commercial dans le passé. Au contraire, ce modèle pourtant très représentatif de l’ADN de l’entreprise Nike originale n’a jamais conquis un public énorme.

Pourtant, la Air Trainer 1 a de nombreux atouts qui devraient lui permettre d’être reconnue à sa juste valeur.

Nous sommes alors en 1986, et un jeune designer chez Nike remarque une chose qui le perturbe. Dans l’offre de la marque, il n’existe alors aucun modèle multisport. Une basket qui servirait aussi bien à la gym, qu’à la musculation, ou aux sports d’extérieurs. Rien pour répondre à cette problématique à cette époque chez Nike, et ce jeune designer veut y remédier. Ce créateur, c’est Tinker Hatfield, l’homme derrière les premières Air Max notamment.

Sa réflexion est simple. Il veut arrêter le souci de nombreux sportifs, notamment professionnels, alors obligés de transporter avec eux plusieurs modèles de baskets différents selon leurs activités de la journée.

Une paire pour la musculation, une paire pour le running, une paire pour le base-ball, c’est un vrai inconvénient, et c’est dans le but de mettre fin à ce problème que Tinker Hatfield imagine alors la Air Trainer.

Si l’idée nous semble bonne avec le recul, ce n’est absolument pas le cas à l’époque. Souvent jugées iconoclastes et irréalisables, les idées de Tinker Hatfield ne sont pas souvent bien reçues en interne chez Nike.

Au sujet de la Air Trainer, le département marketing dira alors que c’est un projet « très stupide ». Pour eux, la paire viendra alors voler des ventes aux paires déjà créées soit pour la pratique du basket, soit pour la pratique du running.

La vision de Tinker est complètement différente.

Conscient que les spécialistes d’un sport chercheront toujours le modèle le plus adapté à leur demande, il se dit que pour le sportif du quotidien, celui qui pratique plusieurs sport sans avoir besoin d’un modèle au top de la performance, mais juste d’un modèle qui répond aux attentes de base du sportif lambda, cette paire répondra justement aux attentes du plus grand nombre.

Convaincu du bien-fondé de son concept, et soutenu par Mark Parker, futur CEO de Nike, à l’époque responsable du secteur recherche et développement chez Nike, Tinker Hatfield persiste et crée donc la Air Trainer Hi, la première basket de cross-training, qui voit le jour en 1987.

Le coloris de la première Air Trainer s’inspire directement des salles de sport. Dans les salles de l’époque, les équipements sont noirs et blanc, avec un texte en vert chlorophylle. Ce sont donc exactement ces couleurs qui viendront orner le premier modèle de Air Trainer.

Lancée en même temps que la Air Max 1, la Air Trainer reçoit alors un accueil très favorable des athlètes, tant amateurs que professionnels. Et si l’idée de Tinker Hatfield paraissait « stupide » aux gens du marketing de l’époque, elle donnera finalement naissance à une toute nouvelle catégorie de sneakers : les baskets de cross training.

Un autre événement, parvenu en 1986, aidera aussi à la popularité du modèle. En 1986, John McEnroe, star du tennis, voulait relancer sa carrière après un petit break, et souhaitait le faire avec un nouveau style de baskets pour mieux accompagner ses besoins.

C’est une erreur dont on ne connait pas l’origine qui va donc lancer l’histoire, puisque McEnroe reçoit les échantillons de nombreux modèles de sneakers dédiées au tennis, et, par erreur, une paire de Air Trainer qu’il n’aurait jamais du recevoir. Et c’est sur cette paire que son attention va se porter.

L’erreur continue, puisque Nike demande à McEnroe de ne pas porter la paire. Ce qu’il ne respecte pas, disputant plusieurs matchs avec le prototype aux pieds, remportant deux tournois équipé de ses Air Trainer. Il demande alors à Nike de lui développer des modèles spécifiques, ce qui sera fait puisqu’il recevra une paire pour le gazon, et une autre pour la terre battue.

Même si elles n’étaient pas prévues pour cela au départ, ce sont donc aussi les Air Trainer qui ont ouvert l’histoire de Nike dans le tennis.

Pour autant, si ces faits marquants peuvent donner l’image d’une vraie réussite sur le concept du produit, commercialement, ce n’est pas du tout la même histoire. Rapidement éclipsée par la technologie Air Max, sortie la même année qu’elle, puis laissée en fond de rayons de boutiques de sport, là ou la Lacoste Missouri, l’une de ses grandes rivales, aura plus d’impact dans le lifestyle, la Air Trainer ne s’est jamais imposée comme une indispensable de chez Nike, au contraire de la Air Force, de la Cortez ou de la Pegasus, d’autres modèles nés à la même époque.

Au début du nouveau Millénaire, la Air Trainer a déjà tenté un retour, notamment grâce à la gamme SB, la partie « skateboarding » du catalogue de chez Nike. Pour l’anecdote, Nike avait produit en 2012 des paires réservées à 70 revendeurs à travers la planète, ce qui avait provoqué un frémissement sur le marché de la revente, le modèle étant toujours apprécié par une niche de collectionneurs avides de remettre la main sur le coloris original du modèle.

Mise au placard après les sorties des Air Trainer II et III, portées par Bo Jackson notamment, star de nombreuses publicités de l’époque, les Air Trainer n’ont jamais été un véritable graal pour les sneakerheads.

Nike tente de les remettre au gout du jour, mais les superpositions de couche, le gros scratch et la tige Mid semblent à contretemps des tendances du marché actuel.

Ce sera en tout cas une nouvelle étape dans l’histoire de la Air Trainer, en attendant de prochains rebondissements.

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